Note de positionnement sur les bassines

Retenues de substitution, bassines

Le développement de retenues de substitution est en plein essor. Par retenue de substitution, on entend les ouvrages artificiels permettant de stocker l’eau, en substituant des volumes prélevés en période de hautes eaux à des volumes prélevés en période de basses eaux, quel que soit leur mode d’alimentation (par un cours d’eau, une nappe, par une résurgence karstique ou par ruissellement) quelle que soit leur finalité.

Les « bassines » sont un type précis de retenue de substitution selon le collectif « Bassines non merci », qui les définit comme « des ouvrages de stockage d’eau pour l’irrigation, constitués de cratères de plusieurs dizaines d’hectares en moyenne, recouverts de bâches plastiques noires retenues par des digues de 10 mètres de hauteur en moyenne. Elles sont alimentées par des pompes qui vont chercher l’eau de bonne qualité dans les nappes phréatiques ».

Le développement de ces retenues de substitution suscite de nombreuses oppositions. Ces oppositions, en particulier aux bassines, ont généré un mouvement de répression contre les militant∙es des collectifs écologistes et des organisations syndicales, dénoncé par l’ONU. Voir le reportage sur Sainte-Soline : autopsie d’un carnage.

De nombreux.ses agent.es du pôle ministériel de la transition écologique, énergétique, des territoires et de mer sont impliqué.es dans les processus d’expertise, de financement, d’autorisation, de contrôle de ce type d’ouvrages et plus généralement par la mise en œuvre d’une politique visant la gestion équilibrée et concertée de l’eau et des milieux aquatiques.

Ces agent.es œuvrent dans un contexte difficile entre cadre réglementaire et incitatif, instructions nationales et spécificités locales, hauts fonctionnaires et acteurs du terrain… La motivation pour l’environnement et le service public étant par ailleurs largement partagée dans les services et les établissements publics, les conditions sont réunies pour que des agent.es subissent des phénomènes accentués de stress et de dissonance cognitive.

Le Sne-FSU a jugé utile et nécessaire d’affirmer son positionnement sur ce sujet d’actualité.

Pour le Sne-FSU, il y a un préalable indispensable : remettre en cause le modèle dominant d’agriculture intensive au profit de modes de production agro-écologiques intégrant les principes de l’hydrologie régénérative. Le Sne-FSU affirme que l’État à son plus haut niveau a failli en s’écartant de son rôle de garant de l’intérêt général, en prenant des postures partiales au profit de la perpétuation d’un modèle agricole qui refuse de se remettre en cause. En l’état de dérives actuelles sur les projets de retenue de substitution, le Sne-FSU demande la suspension de tous les projets et des travaux en cours et la mise en place d’un moratoire permettant l’ouverture d’un vrai débat démocratique, apaisé, sur ce sujet.

Le Sne-FSU condamne toute forme de violence autour de ces projets.

Au regard des conséquences du changement climatique et en tenant compte objectivement du temps nécessaire aux changements de mode d’agriculture, le recours à l’irrigation apparaît inéluctable pour franchir le cap du moyen terme. Le Sne-FSU estime qu’il n’y a donc pas lieu de proscrire systématiquement les retenues de substitution, par la désaisonnalisation des prélèvements qu’ils permettent … sous réserve que l’État se donne pleinement les moyens de mettre en œuvre les dispositions réglementaires encadrant leur faisabilité (expertise technique et économique, instruction, suivi et contrôle) de manière cohérente et résolue à tous les échelons de décision, sans plier aux pressions des lobbys professionnels et politiques.

Mais cette irrigation et ces ouvrages ne peuvent être envisageables que dans un cadre respectueux des équilibres des milieux naturels, du partage des usages, d’un accompagnement à la hauteur du changement de paradigme du modèle de production agricole et dans le cadre d’une démarche de sobriété pour les différents usages.

Si le Sne-FSU soutient la liberté de toute forme d’expressions et de manifestations autour de ces projets, il est et sera vigilant à ce qu’elles s’adressent aux lieux de pouvoir et de décisions, et non aux personnels qui appliquent les décisions et les réglementations. Il condamne en conséquence toutes expressions et manifestations lorsqu’elles visent les personnels et non les lieux de pouvoir et de décisions.

Notre syndicat

Le Sne-FSU s’adresse à tous les personnels qui sur l’ensemble du territoire national, exercent des missions dans le domaine de l’environnement.

Le syndicat défend un double objectif d’assurer d’une part la défense des droits/intérêts aux agents des services concernés et d’autre part d’inclure les enjeux écologiques aux questions sociales comme projet de société.